Réunion citoyenne pour le titre mondial de Réserve de Biosphère, ville du Robert
Jeudi 24 Octobre, nous avons clôturé une année de réunion territoriale, à la ville du Robert ! Une année durant laquelle les habitants des 34 communes de Martinique se sont exprimés et ont partagé leur vision du territoire pour construire ensemble la candidature de notre île au titre mondial de Réserve de Biosphère.
L’ensemble du territoire est donc engagé dans la démarche de candidature au titre UNESCO de Réserve de Biosphère !
Farell François-Haugrain, premier adjoint au Maire, a ouvert la réunion en rappelant que trois candidatures auprès de l’UNESCO sont en cours : les volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord au titre de Patrimoine Mondial Naturel; la Yole martiniquaise au titre de Patrimoine Mondial Culturel Immatériel; et l’ensemble du territoire au titre de Réserve de Biosphère. « Trois projets qui ne sont pas concurrents mais s’additionnent pour montrer la Martinique, qui a de belles richesses, et la dynamiser, pour qu’elle puisse demain étendre ses savoirs à l’ensemble du monde». Il a d’ailleurs souligné l’importance de la reconnaissance qu’apportent ces distinctions UNESCO, et vivement remercié l’association et sa Présidente pour son engagement sans relâche ainsi que les participants pour l’ensemble de leurs contributions. « Ce travail a l’avantage de permettre à l’ensemble des Martiniquais de se rassembler ».
La Présidente de l’association, Mme Nathalie de Pompignan, a annoncé aux habitants avec émotion, leur participation à la 34ème et dernière réunion publique de présentation et co-construction de la candidature de la Martinique au titre de Réserve de Biosphère. Elle a partagé sa joie d’être allée à la rencontre des habitants depuis une année. Lors de sa visite, Catherine Cibien, Directrice du programme Homme et Biosphère français, avait en effet mis l’accent sur l’exemplarité de la Martinique dans sa démarche.
Après avoir présenté l’association, de sa création à son fonctionnement, ainsi que le projet de candidature, Nathalie de Pompignan a explicité le terme de Réserve de Biosphère et les avantages de cette distinction, qu’elle a illustré par des exemples concrets.
Les Robertins se sont alors répartis entre les quatre ateliers traitant des thématiques abordées par le dossier de candidature : les richesses naturelles ; les richesses culturelles ; les savoir-faire, produits et activités liés au développement durable ; et la recherche et l’éducation à l’environnement. Sur chacun de ces sujets, ils ont partagé ce dont ils sont fiers dans leur commune, en Martinique, et les actions qu’ils souhaitent voir émerger sur le territoire.
Richesses naturelles – La baie du Robert avec ses nombreuses criques est la richesse incontestable de la commune, tout comme sa mangrove et ses coraux, sans parler des îlets ! D’ailleurs l’îlet Chancel abrite une espèce endémique : l’iguane des petites Antilles Iguana Delicatissima, et l’îlet Boisseau une autre : la sterne de dougall (Sterna dougallii). On retrouve aussi de nombreuses chauves-souris appelées « rats volants » sur l’îlet la Grotte. Ainsi la faune, la flore, et de manière générale la biodiversité ont été mis en avant par les participants. Ils sont également fiers des trous à cyclones, de leurs sources et rivières, des mangroves, de la forêt, et de leurs terres ! En effet, on trouve sur la commune de l’andésite, utilisée pour les revêtements. Les points de vue et panoramas ont également été relevés par les habitants.
En Martinique, les sources d’eau, notamment celles bicarbonatées, sont une grande richesse que les participants ont souhaité mettre en avant, tout comme les plantes médicinales, aux multiples vertus. Il en est de même pour la biodiversité et ses espèces endémiques ainsi que la multitude de paysages formés de mornes, plaines, et littoraux.
Différentes menaces ont été identifiées : sargasses, brume de sable, pollution des eaux et pollution microbienne des mangroves. Mais aussi sédimentation accumulée dans les fonds de baies notamment, due à la déforestation. Également, l’hyper fréquentation des sites touristiques représente une menace pour ces lieux. Puis, les bateaux à moteur dégradant la mangrove et les coraux, avec leurs chaînes de mouillage, ont retenu l’attention des habitants. Enfin, les Robertins sont particulièrement préoccupés par l’hybridation entre l’iguane commun Iguana iguana et l’espèce endémique Iguana delicatissima qui se trouve sur leur commune, car elle engendre une perte génétique de l’espèce et la menace d’extinction.
Richesses culturelles – Les participants sont très attachés à leur patrimoine culturel et ont tout particulièrement mis en avant les nombreux artistes : Jean-Philippe Marthely ; Clémence Bringtown; Paulo Albin ; Daniel Marie-Alphonsine ; également la transmission et le maintien des danses traditionnelles comme la Haute taille, valorisées grâce à aux associations. L’architecture des divers bâtiments est tout autant saluée : la mairie, le marché, les églises, la chapelle St Joseph de Pontaléry édifiée par des esclaves, la fontaine, ainsi que les bâtiments classés comme les ruines de bord de mer. Ils ont également nommé les vestiges de l’îlet Chancel, les fours à chaux, la fête nautique ainsi que la course de mulets et chevaux. Il a d’ailleurs été noté que dans le passé, les métiers autour du cheval étaient bien plus présents : jockeys, palefreniers, … c’est pourquoi on retrouve aujourd’hui au Robert la rue des Pur Sang. Enfin ils ont rappelé que Le Robert est le berceau de la Yole.
Pour la Martinique, la littérature a été aussi mise en avant car elle a une grande influence sur un certain nombre de mouvements, en particulier celui de la négritude. L’artisanat est reconnu : la vannerie, la poterie et les bijoux créoles (orfèvrerie). La yole, incontestablement, ainsi que les danses traditionnelles (bèlè, damier), la gastronomie, les chantés nwel, le carnaval, les veillées et les koudmens. Puis ils se sont remémorés le jeu du mât de cocagne. En termes de pratiques séculaires, les Pitts ont été mentionnés.
Créer des parcours de découvertes touristiques, notamment autour de la littérature, établir une fréquence où le marché et ses marchands se draperaient aux couleurs traditionnelles et développer la fête nautique du Robert à l’ensemble du territoire ont été les propositions formulées. Il parait crucial de transmettre les savoir-faire : pour cela, les Robertins suggèrent de créer un musée des savoir-faire, intégrant un musée de la marine (apprentissage des savoir-faire, des écosystèmes, …) et une maison de la yole, ainsi que de revaloriser le métier d’artisan bijoutier.
Savoir-faire, produits et activités liés au développement durable – Dans la commune, les pratiques sportives sont très développées : rugby, yole, football, handball, cyclisme. De fait, on y retrouve le raid du Lougarou. Mais elle est aussi un territoire de production de cacao, de plantes médicinales au sein de la pépinière de l’Estrade, et de fabrication de confitures, de la production fruitière à la transformation et de confiseries traditionnelles. En sus, ont été applaudis, le lycée de Four à chaux, particulièrement pour sa formation sur les plantes médicinales, et l’association Charivari, spécialiste des costumes de carnaval.
En Martinique, 3 savoir-faire sont sur le devant de la scène : le tressage du bakoua, la gastronomie, allant du kay manman au restaurant gastronomique, et l’agriculture. Bien que l’île soit un petit territoire, sa topographie riche de divers biotopes permet une grande diversité de cultures maraichères. Les habitants proposent ainsi que cette dernière soit mise en valeur, pourquoi pas à l’aide d’un label ? Les habitants ont lancé la réflexion. En effet, l’insularité et les alizés engendrent une agriculture sous embruns sur certaines zones, ce qui donne une saveur bien particulière aux aliments. Il est aussi à noter que selon la zone, la terre peut être plus ou moins adaptée à certaines cultures, et cela pourrait être mis en avant. Un exemple : des expérimentations ont montré que Sainte-Anne détient une terre fertile pour les manguiers, alors pourquoi ne pas y célébrer la fête de la mangue ? Ou encore en faire, comme Belém au Brésil, la ville de la mangue. L’idée de mettre en valeur les jardins créoles à également été soumise, ceci au travers de formations pour transmettre les savoirs des anciens. Il pourrait leur être attribué des espaces dans les communes, et pourrait être créé un centre d’éducation populaire sur la maîtrise des plantes locales. Ceci permettrait notamment le développement des jardins créoles individuels. La culture florale a été aussi un sujet proposé, ainsi que la généralisation de la consommation locale. En outre, les habitants ont partagé le projet de plantes d’urgences en cours dans la commune. Côté santé, ils ont conseillé de créer des espaces en mer pour prévenir et traiter l’asthme.
Recherche et éducation à l’environnement – Deux entités ont été reconnues sur la commune pour leurs actions d’éducation. Le Carbet des Sciences, qui met à disposition des écoles des jeux pédagogiques, notamment pour distinguer les deux espèces d’iguanes présentes en Martinique. La ferme AN GRIYAV’LA, qui éduque au respect de l’environnement, raconte l’histoire et la culture, et traite de l’alimentation. Sur l’ensemble du territoire, ils distinguent les jeux pédagogiques du forum Bod Lan Mé et les actions de sensibilisation menées par l’association KARISKO.
Il parait ainsi souhaitable pour les habitants d’éduquer les enfants à l’environnement dès la classe de 4ème et de sensibiliser à la préservation des ressources, et spécifiquement l’eau, dont on oublie souvent l’intérêt vital en lui faisant subir de nombreuses pollutions. Pour protéger les sources, il a été conseillé de les géolocaliser, comme cela se fait en Guadeloupe. Un lycée de la mer pourrait aussi voir le jour, afin d’apprendre les métiers de la mer, les courants, etc. Pour finir, le bouturage de coraux a été abordé, ainsi que le développement de l’aquaculture d’espèces ciblées, qui nécessite encore des recherches.
La réunion s’est terminée sur un enthousiasme et des remerciements collectifs. Les Robertins ont apporté de nombreuses et très précieuses contributions, qui viendront enrichir l’ensemble du travail réalisé par les habitants des 33 autres communes engagées. Puis, la synthèse des atouts les plus cités, les menaces et les enjeux mis en avant par le collectif seront présentés aux acteurs de la Martinique le mois prochain.