Compte-rendu des réunions | Villes de Macouba et Grand’Rivière

Réunion citoyenne pour le titre mondial de Réserve de Biosphère, villes de Macouba et Grand’Rivière

 

Vendredi 19 juillet fut une grande première pour l’association, puisque deux communes accueillaient en coopération la réunion publique d’information et de co-construction au titre de Réserve de Biosphère et s’engageaient ensemble dans la démarche de candidature de la Martinique. Les habitants de Macouba et de Grand’Rivière ont été invités à s’unir pour mettre en avant les atouts de leurs communes et de notre île.

Le 1er Adjoint au Maire de Macouba, M. Jean-Charles Varacavoudin, et la 2ème Adjointe au Maire de Grand’Rivière, Mme Viviane Moreau, ont tous deux souhaité la bienvenue aux participants au nom de M. Sainte-Rose Cakin, maire de Macouba et de M. Joachim Bouquety, maire de Grand’Rivière. Ils ont remercié l’association et les habitants venus nombreux, ainsi que Mme Rose-Marie Massée pour l’organisation de la réunion.

La Présidente de l’association, Nathalie de Pompignan, a tenu à souligner la singularité de cette réunion associant deux communes et a félicité les Maires pour leur initiative. Puis elle a adressé ses vifs remerciements à la mairie du Macouba, aux élus Macoubétins et Riverains pour leur accueil, et à l’ensemble des participants pour leur présence. Elle a ensuite exposé l’origine de la démarche et l’historique de l’association puis défini et illustré le titre de Réserve de Biosphère. Ce titre mondial, décerné par l’UNESCO, est attribué aux territoires s’engageant dans une démarche de développement économique et social, tout en valorisant et préservant leurs richesses naturelles et culturelles. Dans ce but, les habitants ont été invités à s’exprimer sur les quatre thématiques suivantes : les richesses naturelles ; les richesses culturelles ; les savoir-faire, produits et activités liés au développement durable ; et la recherche et l’éducation à l’environnement.

Richesses naturelles – Communes de l’extrême Nord de la Martinique, Macouba et Grand’Rivière sont riches en trésors naturels. La forêt, que l’on peut admirer sur la randonnée reliant  Grand’Rivière au Prêcheur, est un atout majeur. La Grande Rivière, la cascade de la rivière Trois Bras, le jardin familial, les plantes médicinales, les fleurs et les oiseaux, l’arbre à bwa flo (le flo est fait à partir du tronc de l’arbre le plus léger de la biodiversité martiniquaise – Ochroma pyramidale), le Zamana de l’habitation Bellevue, le sable noir, le quartier Nord plage du Macouba et sa grotte, voici les richesses énoncées par les habitants.

En Martinique, les participants ont tenu à mettre en avant les cascades, le littoral (mer et plages), les sources (eau plate et gazeuse, comme l’eau de Didier) et les Îlets. Mais aussi la Caravelle, le Tombolo de Sainte-Marie et la Montagne Pelée, qui sont pour eux des lieux uniques, ainsi que la route de la Trace. La faune a également été citée pour sa grande biodiversité (tortues, dauphins, baleines, et matoutous falaises). Mais les menaces affectant ces richesses naturelles sont nombreuses et relèvent spécifiquement des actions humaines. L’utilisation de pesticides, notamment du chlordécone, la déforestation et surexploitation des ressources naturelles liées à notre mode de consommation, les déchets, la pollution plastique et les VHU, sont les principales causes énoncées de dégradations du milieu naturel. A l’origine de ces comportements, le manque de sensibilisation, d’écoute et d’intérêt ainsi que la perte du devoir de transmission ont été mentionnés. Quant aux menaces extérieures au territoire, le changement climatique est cité en premier lieu, suivi de près par l’érosion côtière, la brume des sables, les maladies transmises par les moustiques (Zika, notamment) et les sargasses.

Richesses culturelles – Les Macoubétins et les Riverains sont fiers de leurs églises, du chemin de Croix, des Habitations, de la Maison du Moine à Désiles et des Temples indiens. Les danses hindoues et les rituels indiens sont d’ailleurs des atouts mis en avant dans leurs communes, tout comme les danses traditionnelles telles que le Bèlè et la Haute-Taille. La Roche à Bon Dié, vestige d’origine arawak ou caraïbe, est un site majeur au Macouba, et la pratique du bwa flo, un atout essentiel de Grand’Rivière. Enfin, l’écrivaine Lucie Gabourg, originaire du Macouba,  a été applaudie.

En Martinique, les participants se sont enthousiasmés pour les églises classées et les danses et musiques traditionnelles, la Bibliothèque Schoelcher et le Fort Saint-Louis.  Ont également été mentionnés le gommier et la yole, le Tour des Yoles, le Carnaval et le Tour Cycliste. Les habitants sont fiers du créole, du tambour, de la fabrication des casiers de pêche et du label de ville d’art et d’histoire attribué à la ville de Saint-Pierre. Pour autant, ils aimeraient que les ruines soient mises en valeur, et apprécieraient, en ce qui concerne leurs communes, que la distillerie Beauséjour, qui produisait le rhum H.B.S. de grande qualité, médaillé d’or à l’Exposition de Paris en 1932, soit réhabilitée, tout comme la Maison de la Rivière (musée de Grand’Rivière).

Parmi les autres propositions formulées, la mise en place de circuits touristiques et thématiques sur le territoire, la tenue de séminaires autour du Créole et la création d’ateliers linguistiques dans les communes destinés à favoriser les échanges inter-îles ont été fort commentées. La transmission des coutumes et savoir-faire des anciens, allant des danses traditionnelles à l’apprentissage de l’histoire de la Martinique vue par les activités économiques d’antan, a fait l’unanimité. Et pourquoi ne pas fonder un Conservatoire, et organiser des projections cinématographiques dans les communes éloignées (« ciné roulé ») ? Sur le plan local, revaloriser les animations proposées par la Cyber base de Grand’Rivière a été plébiscité.

Savoir-faire, produits et activités liés au développement durable –. Le Nord est un territoire agricole : le rhum JM est emblématique du Macouba et des cultures variées, comme celles de la banane, de l’ananas, de la canne à sucre, ainsi que les jardins créoles sont les atouts qui ont été distingués. L’artisanat, en l’occurrence celui des tourneurs sur bois, est à valoriser. Place à la gastronomie à Macouba, avec le boudin créole ou à l’ananas de la boucherie, à Grand’Rivière, avec la pêche de titiris, alevins cuisinés en touffé et nems, et à l’assiette de z’habitants que l’on peut déguster dans les deux communes. Enfin, les énergies renouvelables, telles les éoliennes, présentes à Grand’Rivière, et en projet au Macouba, ont sensibilisé les habitants, qui ont également soumis l’idée de remettre certains sites en état, comme l’usine à café, l’usine à tabac et la maison du Moine de Désiles.

En Martinique, le développement de l’énergie solaire, celui de l’agriculture responsable, notamment la canne à sucre, le cacao, la banane et le rhum bio, l’art culinaire (colombo, accras, trempage, …), le madras, l’artisanat (vannerie et tourneurs sur bois) suscitent l’unanimité. Les participants ont fait des suggestions en grand nombre : revaloriser les cultures traditionnelles comme le cacao, le café, le tabac et le coton, pratiquer l’agriculture biologique sur les terres sans chlordécone,  donner de l’ampleur aux énergies renouvelables et remettre en état les circuits hydrauliques.  Au niveau de leurs communes, ils désireraient que la distillerie de l’Habitation Potiche soit restaurée, et réintroduire dans les rivières des « boucs », ces écrevisses très prisées que l’on rencontre encore dans les îles voisines comme la Dominique.

Recherche et éducation à l’environnement – En terme d’éducation à l’environnement, les habitants ont relevé les sorties pédagogiques dans les fermes agricoles et les visites découvertes des artisans, pour assurer la transmission des savoirs aux enfants, et celles de sites culturels, allant de la  Roche à Bon Dié, à la rhumerie JM. Côté recherche, des fouilles archéologiques ont lieu au Macouba. Récemment, des vestiges précolombiens ont été trouvés lors de fouilles sur le site du quartier Terre Patate.

En Martinique, le côté éducatif et civique a été mis en avant grâce aux découvertes éducatives à la maison du bèlè de Sainte-Marie, et l’apprentissage des koudmen et lassotè auprès des enfants. Les habitants apprécient et décernent leurs félicitations aux opérations de nettoyage de plage. Afin d’accroître la sensibilisation générale, il est cité l’importance d’éduquer au tri des déchets, de sensibiliser au respect de la Nature, et pour cela multiplier les sorties scolaires dans différents milieux naturels tels que plages et rivières. Enfin un mode de consommation et de production plus sain est recommandé : il va de l’utilisation de produits naturels, non nocifs pour l’environnement (produits ménagers, de soin, …) au réapprentissage alimentaire (se nourrir de produits sains et maison) et à l’amplification d’une agriculture respectueuse de l’environnement.

En conclusion, M. Varacavoudin a attesté des nombreux atouts que possède la Martinique et des talents que recèlent les communes. « Nous sommes des petites communes, mais nous avons de bonnes idées ». Puis, Mme Moreau a conclu sur ces mots « Nous avons semé de petites graines, nous espérons qu’elles porteront leurs fruits ».

M. Varacavoudin, Mme Moreau et Mme Nathalie de Pompignan ont tous remercié les participants pour la richesse de leurs propositions et la qualité de leurs interventions. Puis, l’assemblée a été invitée à partager un rafraîchissement pour clôturer cette belle et fructueuse réunion intercommunale.

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