Réunion citoyenne pour le titre mondial de Réserve de Biosphère, ville de Schoelcher
Lundi 6 mai, la mairie de Schoelcher nous accueillait pour notre 19ème réunion de co-construction de la candidature de la Martinique au titre mondial de Réserve de Biosphère, attribué par l’UNESCO. En effet, depuis le mois de septembre 2018, nous allons à la rencontre des habitants des communes de Martinique afin qu’ils prennent connaissance du projet et qu’ils puissent y apporter leurs propres contributions. Cette étape est particulièrement importante car les citoyens représentent la force vive d’une Réserve de Biosphère.
En ouverture de la réunion, notre vice-président, Jean-Paul JOUANELLE, a rappelé ce qu’est une Réserve de Biosphère. Les participants ont ainsi pu appréhender le projet avec plus de discernement. Ils ont ainsi noté que le titre de Réserve de Biosphère apporte attractivité, reconnaissance et valorisation à un territoire donné, qu’il est un puissant outil de communication et un levier de développement.
Pour la deuxième phase de cette réunion, ce sont les participants eux-mêmes qui ont pris le relais. Quatre groupes se sont formés pour réfléchir aux atouts du territoire et proposer des idées d’actions, selon quatre thèmes : les richesses naturelles ; les richesses culturelles ; les savoir-faire, produits et activités liés au développement durable ; et la recherche et l’éducation à l’environnement.
Richesses naturelles – Au sein de la commune, les participants sont fiers de la qualité de l’eau et des sols, des rivières, de la mer, des plages, de la campagne, des points de vue, de la biodiversité, notamment de la flore avec la présence d’espèces endémiques et de la faune marine. Pour la Martinique, ils ont choisi de mentionner les sites qu’ils estiment être les plus remarquables : la montagne Pelée, les Pitons du Carbet, le tombolo de Ste-Marie et le rocher du Diamant, mais également des lieux comme la pointe Faula, la Caravelles, les Fonds Blancs et les divers îlets. Ils sont fiers de l’hétérogénéité des paysages, qu’ils ont illustré par les alternances de plages de sable blanc et de sable noir, les forêts humides et les milieux secs comme la savane des pétrifications, l’existence de milieux argileux et notamment d’argile verte, et la présence de diverses sources et rivières. Le climat tropical, les fonds marins, la flore et la faune font également leur fierté, ainsi que la diversité des fruits et légumes cultivables, les épices et les plantes médicinales. Cependant, nous savons que ces richesses subissent des pressions. Les participants en ont identifié plusieurs : l’être humain et son comportement, l’érosion côtière, la pêche intensive, les sargasses, le chlordécone, le mauvais traitement des déchets, les VHU, les pollutions de l’air, le déboisement, les phénomènes naturels dus au changement climatique… Enfin, la dernière menace citée est la baisse démographique : les jeunes sont en effet les porteurs des projets de demain, et leur présence est nécessaire pour passer à l’action.
Richesses culturelles – La commune de Schoelcher possède des écoles d’art (musique, théâtre) dont les habitants sont fiers, mais aussi des fresques (street art), statuts et sculptures ainsi que l’Habitation Fond Rousseau. Deux artistes Shoelchérois ont également été cités : le sculpteur RENE-CORAIL et l’artiste plasticien Victor ANICET. Enfin le programme culturel Chèlchè ka sonjé, sur l’abolition de l’esclavage, a été considéré comme l’une des grandes fiertés culturelles de la ville. Concernant la Martinique, les participants ont évoqué nos divers courants musicaux et nos nombreuses danses traditionnelles (Bèlè, Biguine, Zouk, Damier, Haute-taille,…) ainsi que la richesse de nos artistes peintres, écrivains, poètes et chanteurs (Césaire, Fanon, Zobel, Placoly, Glissant, Chamoiseau, Confiant, Malavoi,…). Pour finir, diverses actions concrètes de développement et valorisation de ces richesses culturelles ont été proposées : « mobiliser la population à grande échelle pour approfondir la réflexion sur les richesses culturelles » ; « organiser des circuits touristiques pour mieux s’approprier nos richesses » ; « mobiliser les services culturels municipaux et de la CTM pour organiser des visites de découverte culturelle » et « recenser les différent acteurs culturels publics et privés ».
Savoir-faire, produits et activités lié au développement durable – Les activités culturelles et nautiques sont les principales fiertés mises en avant par les participants pour la commune de Schoelcher, notamment la société Madisail qui propose des sorties trimaran éco-responsables. La démocratie participative, opérée à Schoelcher, est également identifiée comme une force de la commune. Du côté de la Martinique, ont été cités la qualité de l’eau potable de l’île, le développement des énergies renouvelables avec la présence de panneaux solaires et d’éoliennes sur le territoire, et les jardins créoles, qui favorisent la diversité des cultures et représentent « un écosystème en équilibre ». Il a d’ailleurs été suggéré d’en augmenter le nombre, et parallèlement diminuer les mono-cultures. L’agroforesterie fut également une idée d’action à mettre en œuvre pour le développement durable des cultures en Martinique. Outre l’agriculture, les habitants ont mentionné la pêche. Ils souhaitent que des méthodes de pêche raisonnée soient adoptées, par exemple en utilisant du matériel permettant la sélectivité des espèces. Puis, ils ont donné leur avis sur le nettoyage des plages, qu’ils trouvent trop drastiques et préfèreraient plus raisonné, c’est-à-dire ne ramasser que les déchets laissés par l’Homme. Concernant les déchets, les participants ont évoqué la politique « zéro plastique », qu’ils souhaiteraient voir appliquer sur l’île. Enfin, le transport a été abordé par les participants. Malgré les efforts effectués, selon eux, les projets n’arrivent pas à terme. Ils ont d’ailleurs donné l’exemple du TCSP qu’ils estiment inefficace. Pour autant, le développement de « transports écologiques » reste un souhait et il a été proposé de continuer le développement du transport maritime.
Recherche et éducation à l’environnement – Au sein de la commune les habitants sont fiers de l’Université des Antilles, des « écoles vertes » où les enfants apprennent à cultiver et cuisiner leurs fruits et légumes, et de la société POIRET Plantes Distribution, notamment pour ses passages radio durant lesquels est expliqué comment utiliser les plantes médicinales. En Martinique les fiertés évoquées ont été le CDST, l’Observatoire Volcanique et Sismologique de Martinique, la société AquaMar au Robert et l’association Kawan au Lorrain et le lycée agricole LEGTA de Croix Rivail. Mais aussi : les sentiers sous-marins, à visée éducative, et les recherches effectuées sur les sargasses, les maladies émergentes et la culture de bananes biologiques. Il a alors été proposé de développer les recherches sur les énergies renouvelables en Martinique, pour éliminer les énergies fossiles, et la recherche sur le thermalisme, développer la pharmacopée, et multiplier les « écoles vertes » et les jardins partagés.
Durant la réunion il a été relevé l’importance de booster l’attractivité du territoire et développer le tourisme, à visée internationale, mais surtout le tourisme local afin que les Martiniquais et Martiniquaises redécouvrent leur île, se réapproprient leurs richesses et leur histoire. C’est d’ailleurs l’un des principaux but d’une Réserve de Biosphère : renforcer les liens, entre nous, entre la nature et nous, entre le savoir et l’action, pour construire ensemble un avenir commun.