Réunion citoyenne pour le titre mondial de Réserve de Biosphère, ville de Saint-Pierre
C’est au pied de la montagne Pelée, dévêtue de ses nuages et dévoilant toute sa splendeur, que les Pierrotines et Pierrotains sont venus participer jeudi 17 janvier à la réunion citoyenne de la candidature au titre mondial de Réserve de Biosphère attribué par l’UNESCO. Les habitants de l’ancienne capitale de la Martinique ont partagé les richesses qu’abrite leur commune comme les fonds marins riches en trésors naturels et archéologiques, ainsi que les nombreux savoir-faire qui ont pu inspirer notre île …
M. le Maire, Christian Rapha, a souhaité la bienvenue aux habitants venus participer à cette réunion citoyenne. « Le Nord Caraïbe pourra beaucoup apporter à ce projet de valorisation de nos trésors naturels et culturels » a-t-il souligné. « La Réserve de Biosphère sera complémentaire de la candidature de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord à l’autre titre mondial de l’UNESCO, celui de patrimoine mondial ». Nathalie de Pompignan, présidente de l’association Martinique Réserve de Biosphère qui porte le projet de candidature à cette reconnaissance internationale, a présenté le concept, la démarche et ses importants avantages pour notre île.
Les Pierrotains ont par la suite été conviés aux ateliers de co-construction en abordant quatre thèmes : les richesses naturelles ; les richesses culturelles ; les savoir-faire, produits et activités liés au développement durable : la recherche et l’éducation à l’environnement. En effet, la démarche participative de tous les habitants est au cœur de cette candidature. Chacun est sollicité afin de d’identifier les richesses territoriales et proposer des pistes d’actions pour valoriser nos trésors.
Richesses naturelles La Baie de Saint-Pierre, la montagne Pelée ont été cités en tout premier lieu. Ont été également évoqués les points de vue dont celui du morne d’Orange, les sources d’eau chaude et les fonds marins. Les participants ont identifié les menaces qui pèsent sur nos trésors naturels : la pollution et la destruction liée aux activités humaines, les espèces invasives, végétales et animales, le réchauffement climatique, les sargasses… L’être humain demeure la principale menace par manque de sensibilisation et de connaissances, mais aussi du fait de la disparition des savoirs ancestraux.
Richesses culturelles L’ancienne capitale de la Martinique, la ville de Saint-Pierre, est elle-même un trésor culturel. L’éruption de la montagne Pelée en 1902 a profondément changé la Martinique. Ce tragique évènement a révélé des vestiges qui témoignent aujourd’hui du passé de notre île et qu’il faut absolument valoriser : les épaves des navires, la Vierge des navires, la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, les ruines et les vestiges du système hydraulique de la ville…
A l’image du vieux Cuba, les habitants ont proposé de développer le vieux Saint-Pierre. Grâce à un chemin pédestre, le point de vue de la Vierge des navires pourrait ainsi être mis en valeur, tout comme le patrimoine bâti et les richesses sous-marines parmi lesquelles les épaves. Saint-Pierre est une ville d’art et d’histoire : la création d’un centre culturel Louis Delgrès ou le transfert de la tombe de sœur Onesime ont été proposés. Le marché de Saint-Pierre, en cours de classement, est un lieu particulièrement visité. L’escalier de l’intendance où fut prononcée l’abolition de l’esclavage est également en cours de classement.
Savoir-faire, activités et produits liés au développement durable Saint-Pierre est le berceau de multiples savoir-faire qui ont façonné les modes de vie martiniquais : les courses d’aviron traditionnel, la plongée sur les épaves, la pêche à la senne, le rhum à travers l’habitation Depaz… Le tourisme historique est aussi une activité-clé de Saint-Pierre. En Martinique, « même si on pense au tourisme bleu autour des plages, des sports nautiques … le tourisme vert autour de nos traces est également à valoriser ». Les activités sur la montagne Pelée en constituent un bel exemple. La musique, du jazz au zouk en « passant même par le dance hall » est également un atout de notre île. Sans oublier l’art culinaire dont l’histoire du colombo, héritage du métissage de notre population cosmopolite, représente un savoir-faire inestimable.
Les participants ont proposé de nombreuses pistes d’actions : le développement du transport maritime de passagers et de matériaux, la valorisation du « manger local » en sensibilisant les écoles et les citoyens, la mise en valeur des ruines de Saint-Pierre en mobilisant les jeunes du lycée Victor Anicet « et pourquoi pas les autres lycées ! », le développement du tourisme historique, la protection des fonds marins de la baie de Saint-Pierre, en organisant notamment le mouillage…
Réputé comme le plus beau des carnavals avant l’éruption de 1902, les participants ont proposé de redévelopper le bal des Touloulous. Le Touloulou, personnage du carnaval guyanais, est d’une élégance reconnue de la tête aux pieds portant jupon, cagoule, loup, longs gants et perruque. Cette tradition du carnaval guyanais a fait l’objet de vifs débats quant à son origine pierrotine ou guyanaise. L’écrivaine guyanaise, Aline Belfort, a récemment en confirmant l’origine guyanaise. Mais rappelons-nous qu’après la grande catastrophe, de nombreux rescapés ont trouvé refuge en Guyane et y ont installé leurs traditions martiniquaises. Il est donc légitime que les pierrotains fassent revivre la beauté reconnue des carnavals dans leur ville, en particulier le carnaval des Touloulous, qu’il soit martiniquais ou guyanais.
Recherche et éducation à l’environnement Les habitants ont salué les actions d’éducation du Centre de Découverte des Sciences et de la Terre (CDST) autour de l’astronomie et du volcanisme. Les études archéologiques sur les vestiges terrestres et marins ont été mises en lumière. Tout comme les efforts de protection des espèces opérés par la réserve naturelle. Plusieurs propositions ont été faites par les habitants, comme la valorisation des plantes médicinales et des semences anciennes. L’initiative de la plantothèque et grainothèque de la ville du Morne-Vert est un exemple inspirant des possibilités de valorisation et de libre accès aux vieilles semences. Il existe par exemple entre 10 et 12 espèces d’ignames mais seulement quatre sont consommées en Martinique.
Il s’agit aussi de valoriser les activités de pêche autour d’un écotourisme respectueux de l’environnement. Le poisson lion, espèce invasive, doit faire l’objet de recherches pour limiter ses nuisances et être valorisé sur le plan culinaire. La réhabilitation du jardin des plantes de 1902 a été suggérée afin de valoriser plantes locales et plantes acclimatées. Des concours sur l’environnement à destination du grand public mais aussi des scolaires et des entreprises permettraient, au-delà de sensibiliser sur les défis environnementaux, de faire émerger les solutions innovantes pour demain.
Certains diront que la baie de Saint-Pierre est la plus belle baie du Monde. Ce qui est incontestable, c’est qu’elle abrite l’un des plus grands sites archéologiques du Monde et est un magnifique joyau de notre île. Ce qui est également incontestable, ce sont les propositions très abondantes des habitants lors de cette réunion, comme l’a souligné M. le Maire. Ces contributions enrichiront la synthèse des réunions citoyennes réalisées dans toutes les communes martiniquaises.